Détection de traces de sang latentes

L’enquête concernant des faits sanglants peut conduire à suspecter un lieu, qu’il s’agisse d’un domicile ou d’un extérieur comme le site de commission des faits alors qu’il ne présente aucune trace de sang. Un nettoyage ou une érosion naturelle de ces traces sanglantes est alors envisagé.

Différents produits chimiques existent permettant de retrouver (=détecter) ces traces qui ne sont plus visibles (=latentes).

Un des plus utilisés l’élaboration à laquelle j’ai participé est le Bluestar®. Il s’agit d’un mélange dont le principe actif est le Luminol ou 5-amino-2,3-dihydrophtalazine-1,4-dione ou 3-aminophthalhydrazide : C8H7N3O2. Cette solution liquide émet de la lumière lorsqu’elle est en présence de l’ion ferreux, Fe2+, contenu dans l’hémoglobine (composé principal du sang).

En raison de son faible rendement quantique, il est nécessaire d’être dans la pénombre pour observer cette chimiluminescence.

On retrouve également cet ion ferreux Fe2+ dans l’hémoglobine de la majorité des vertébrés. D’autres métaux dis de transition (Cu2+, Br+…) ainsi que l’eau de Javel peuvent également catalyser cette réaction. Les réactions à ces autres substances sont regroupées dans les faux-positifs (obtention d’une réaction ne correspondant pas à la substance recherchée).

Cependant, la cinétique de la réaction au sang : réaction immédiate et maximum, palier de 20-30s puis décroissance de la réaction jusqu’à sa disparition après 1min-1min30 permet d’éliminer de nombreux faux-positifs.

C’est pourquoi, après pulvérisation, si une réaction est observée correspondant à celle décrite ci-dessus, il est effectué un prélèvement pour confirmer l’origine sanguine du prélèvement et en déterminer le profil génétique.

Bien que ce produit ne soit pas agressif pour l’ADN ou les techniques employées pour déterminer le profil, il n’est pas toujours possible d’obtenir un profil génétique car le produit chimique employé :

  • a une sensibilité supérieure à celle des techniques utilisées pour déterminer un profil génétique,
  • réagit sur l’hémoglobine contenue dans les globules rouges (cellules anucléées) tandis que l’ADN est retrouvé dans les globules blancs (cellules nucléées) sachant que les premières sont 600 à 1000 fois plus nombreuses que les secondes,
  • réagit sur l’ion ferreux Fe2+ qui n’est pas dégradable alors que les cellules le sont.

Philippe Esperança

Expert Criminalistique agréé par la Cour de Cassation
Expert en Morphoanalyse de traces de sang près la Cour Pénale Internationale
Certification Internationale d’Expert en Morphoanalyste de traces de sang

Fondateur du Groupe Morpho de l’European Network of Forensic Sciences Institutes (ENFSI)
Vice-Président de l’International Association of Bloodstain pattern Analysts (IABPA)